Un plan de gestion pour prendre soin durablement de la forêt de Halouze
En 2025 la Ville de Flers a conclu avec l’Office national des forêts (ONF) un plan de gestion de la forêt jusqu’en 2044 pour atteindre trois objectifs principaux : consolider la biodiversité face au réchauffement climatique, protéger les zones humides tout en continuant d’y accueillir le public.

La forêt de Halouze (503 hectares répartis sur les communes de Saint-Clair-de-Halouze, La Chapelle-au-Moine et La Chapelle-Biche) appartient à la Ville de Flers, fruit d’une donation de la veuve de M. Gévelot, ancien député de l’Orne.
Partout en France, les massifs forestiers publics ont trois principaux usages pour la société :
- l’accueil du public pour le loisir
- la préservation de la biodiversité
- la production le bois
Certains massifs forestiers protègent aussi le littoral ou favorisent la restauration des terrains de montagne.
« La forêt de Halouze est la plus grande forêt communale de Basse-Normandie. (…) Cette feuille de route 2025-2044 est régie par le code forestier. Elle fixe les grandes orientations sylvicoles. (…) Nous avons recueilli l’avis de la mairie puis étudié différents scenarii. (…) Trois enjeux ont guidé ce plan : l’aspect environnemental, l’exploitation du bois et l’accueil du public. », explique Louis Bontemps, chargé de projet d’aménagement et sylviculture à l’ONF.
Yves Goasdoué, maire de Flers : « Nous souhaitions un vrai plan de gestion raisonnable pour avoir un massif forestier solide, qui participe à la décarbonation de notre bocage qui est notre objectif. »
Dominique Armand, maire-adjointe de Flers en charge du patrimoine : « Ce plan de gestion a nécessité un an de travail, avec de nombreux points sur le terrain. ».

Yves Goasdoué, mairie de Flers – Louis Bontemps, chargé de projet d’aménagement et sylviculture à l’ONF – Dominique Armand, maire-adjointe de Flers en charge du patrimoine – Damien Gilot, technicien forestier à l’ONF – Bruno Landemore, responsable du service des Espaces Verts de la Ville de Flers et Flers Agglo.
Le GIEC normand a guidé les orientations de gestion de la forêt
Pour proposer un nouveau plan de gestion de la forêt de Halouze, les agents de l’ONF ont d’abord dressé un état des lieux de la forêt, en réalisant un inventaire quantitatif et qualitatif des peuplements, ainsi qu’une analyse des sols. Les agents de l’ONF ont pris conscience de l’ampleur des dégâts causés ces dernières années par la scolyte (un parasite) sur certains arbres avec les printemps et hivers doux successifs. Damien GILOT, technicien forestier à l’ONF, explique : « Actuellement nous avons beaucoup de feuillus type chênes et hêtres. Mais nos épicéas dépérissent car ils sont attaqués par les scolytes. Et cela ne va pas s’arranger avec le réchauffement climatique… »
Les agents de l’ONF ont ensuite pris en compte les prévisions du GIEC normand. Leurs choix de gestion de la forêt ont été guidés par le réchauffement climatique annoncé en 2070 sur le bocage ornais, comme la nécessité d’adapter le massif aux changements climatiques.
« Nous avons intégré le risque connu du réchauffement climatique sur les épicéas dans 70 ans, espèce qui ne sera plus adaptée à ce futur climat. C’est pourquoi nous avons décidé de récolter les épicéas sur ces parcelles pour les remplacer par du feuillus. Les parcelles d’épicéas vont être coupées à ras progressivement et le bois des épicéas sera vendu en circuit local. Ce type de traitement sylvicole radical est malheureusement inéluctable.
70 hectares d’épicéas (sur une superficie totale de 500 hectares de forêt communale) vont être remplacés par des chênes sessiles et des pins sylvestres (également appelé pins communs). « Cette mixité va favoriser la résilience des peuplements forestiers, et dans un même temps la diversité écologique ».
La replantation va s’effectuer progressivement sur dix ans, sur des parcelles de 7 hectares. Les agents replanteront au fur et à mesure que le bois des épicéas sera vendu. Ils replanteront parcelle par parcelle (ou par partie de parcelle) pour limiter l’impact paysager. La première intervention s’effectuera en 2025. Les nouveaux pieds seront protégés par engrillagement (clôtures de deux mètres de haut), plus protecteur au niveau des arbres.
Il a aussi été question de prendre davantage en compte la biodiversité dans la gestion courante, comme par exemple éviter l’exploitation forestière dans certains lieux de reproduction d’espèces sensibles.
Des coupes nécessaires pour regénérer la forêt
« Il faut intervenir dans les peuplements pour réguler la forêt, c’est-à-dire assurer le roulement de production de la forêt » explique Damien GILOT, technicien forestier à l’ONF.
Des coupes irrégulières
Le reste de la forêt continuera d’être gérée par l’ONF avec des traitements sylvicoles dits « irréguliers », c’est-à-dire en choisissant les arbres à couper afin de favoriser toutes les strates – non pas sur l’ensemble d’une parcelle mais selon la qualité des bois. Ce travail vise à maintenir des bois de bonne qualité, représentant toutes les tranches d’âge possible et ceux présentant un intérêt environnemental ou paysager. Ces coupes permettent d’apporter de la lumière nécessaire aux peuplements, à l’implantation et au développement naturel des semis, assurant ainsi la régénération naturelle de la forêt.
Des coupes régulières
La forêt de Halouze sera également gérée avec des traitements sylvicoles dits « réguliers », c’est-à-dire des peuplements ou tous les arbres ont le même âge (généralement issus de plantation des années 1990), en éclaircissant progressivement la forêt pour permettre aux plus beaux arbres de pousser ; ce sont les coupes dites « « d’amélioration ».
Certaines parcelles ne seront pas du tout traitées car non exploitées pour vendre du bois. Elles seront justes sécurisées, comme les zones humides par exemple.
Le service des Espaces verts de la Ville de Flers assurera le suivi de cette gestion : suivi du programme des travaux, suivi budgétaire, suivi des ventes de bois, collecte des dépôts sauvages, plantation d’arbres en partenariat avec les écoles.
Le pouvoir de stockage de CO² d’un chêne évolue au cours de sa vie :
- à moins de 100 ans, le chêne grandit, capte et stocke le CO² ;
- à plus de 150 ans, le chêne n’est plus capable de stocker le CO². Il relargue du CO² dans l’atmosphère.
Accueillir le public tout en protégeant la forêt
Les élus municipaux et les agents de l’ONF souhaitent poursuivre l’accueil du public afin de favoriser la connaissance du milieu forestier, dans des conditions qui préservent la faune et le massif forestier, à l’exemple de l’arboretum, proposer des activités pédagogiques pour les écoles.
Plusieurs aménagements pour accueillir le public dans la forêt de Halouze sont prévus. « Ils sont en cours de réflexion avec Flers Agglo et l’association Le Savoir & le Fer » explique Dominique Armand, maire-adjointe en charge du patrimoine. « Nous envisageons des points de rassemblement, des panneaux sur les sentiers et GR… Notre objectif est de conserver une multifonctionnalité de la forêt, de protéger la biodiversité comme nous l’avons fait récemment avec les chauves-souris. » Ces aménagements seront financés par la vente du bois.
Yves Goasdoudé, maire de Flers, complète : « Nous souhaitons faciliter l’accès à la forêt tout en la sécurisant, comme par exemple interdire la circulation des quads et des motos. »